"Le corps d'un ennemi mort sent toujours bon"
Vitellius Aulius
"Il"écoutait les présences étrangères qui peuplaient la montagne. Revétu de sa modeste tenue de voyage, adossé au tronc d'un hêtre puissant dont le fût lisse, grisé d'argent, montait à l'assaut du ciel, il laissait ses yeux errer à travers les branches frissonnantes.
Ni les vétements ni les manières de penser de ces êtres venus de contrées lointaines ne demeuraient pour lui un mystère.
Au cours de longues semaines de contemplation solitaire, il avait lentement appris à percer le secret de leurs vies, de leurs langages.
Jour et nuit, ces personnes nées d'ailleurs, ces graines de vie drossées par les courants invisibles du vent, rejetées par le ressac, peuplaient, réelles, ses songeries.
Elles ne semblaient pas dangereuses ; parfois même il parvenait à échanger avec elles des idées, aussi furtives qu'un rêve à l'éveil.
Certaines habitaient ce pays depuis des mois, des années, d'autres n'avaient connu qu'une existence éphémère.
À la fin de l'après midi, un vent d'automne se leva.
Les feuilles du hêtre frissonnèrent dans la lumière dorée du couchant. Il sentit l'approche d'un homme.
Il le devinait encore lointain et concevait difficilement son origine et sa manière de se déplacer, persuadé pourtant qu'il se dirigeait vers lui...
L'homme qui s'approchait, se déplaçait en faisant preuve d'une effrayante conscience de son environnement, l'herbe semblait s'écarter sur son chemin, son pied ne rompait pas les brindilles, les oisesaux ne fuyaient pas à son approche.
Il semblait en parfait accord avec la nature, le doute n'était plus permis, il s'agissait d'un gaulois.
Sa stature et l'armement de qualité qu'il transportait laissait à croire qu'il s'agissait d'un chef de guerre.
Les ornements de son bouclier étaient connus de l'ensemble du monde gaulois...Il faisait parti de la guerre des gaules...C'était surement Lemakal le brenn le plus respecté de gaule.
Le brenn posat son fardeau au pied de l'arbre auquel il s'adossat à son tour et accordat enfin un regard à ce qui lui semblait étre un pauvre hére fourbu par son voyage :
" - Bonjour ami Gaulois ! Tu sembles bien las...Accepterais tu de partager mon repas et de converser avec moi ?
- Avec plaisir noble seigneur, n'étes vous pas Lemakal, Brenn de la guerre des gaules ?
- Non, ce soir je ne suis que Lemakal le voyageur..."
Les deux gaulois mangérent et conversérent d'égal à égal, le Brenn craint de ses ennemis et l'inconnu revétu de sa peau d'ours usée par les intempéries.
" - Que faites vous en Arverne, seigneur Lemakal ? Une guerre vous y apporte ?
- Non, je viens en ces terres commander une épée chez le forgeron d'Ambigat le souverain de Bituriges. Et toi, voyageur, où le vent te porte t'il ?
- Je parcoure ces contrées sans but véritable...Afin, peut étre d'en mieux percevoir la richesse, de sentir cette terre riche et grasse...De rencontrer le peuple qui la fait vivre !"
Un vent léger se mit à souffler faisant s'envoler les mots et la capuche de la peau d'ours...De blonds cheveux longs et soignés s'en échappérent alors et la richesse du vétement que dissimulait cette peau de béte fut révélée à Lemakal.
" - Tu as partagé ton repas, tu as conversé avec moi alors que tu me croyais un pauvre vagabond...Lemakal, tu viens de gagner l'amitié d'Actorix, fils d'Ambigat !
Je serais honoré d'accompagner un homme tel que toi jusqu'au souverain de ces terres, mon pére. Qui sait ? Peut étre en chemin te persuaderais-je de me rejoindre lorsque le moment venu, je partirais au delà des montagnes
créer un territoire gaulois !
- Mon seigneur, avec un chef comme vous, je n'hésiterai pas à me lancer à la conquéte de Rome ! Vous pouvez compter sur mes troupes et moi ! "
L'automne commençait, et ce qui allait devenir la truie furieuse venait de trouver son Brenn
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